Imperium

Imperium
auteur : Robert Harris
éditeur : plon/pocket
année : 2006
pitch : En 71 avant J.-C., la République romaine est déchirée par les ambitions rivales, et le sénat est le théâtre de tous les complots. Tandis que dans le sud Crassus mate Spartacus et ses esclaves en révolte, et qu'en Espagne Pompée lutte contre les rebelles de Sertorius, à Rome, un jeune sénateur, Marcus Tullius Cicéron, rêve lui aussi d'accéder à l'Imperium, le pouvoir politique suprême. Mais sans fortune ni naissance, ce brillant avocat ne peut compter que sur son éloquence pour réussir. Or se présente une affaire qui pourrait bien servir ses desseins : un homme lui demande de le défendre contre Gaius Verrès, le redouté gouverneur de Sicile, qui l'aurait odieusement spolié. L'irrésistible ascension de Cicéron a commencé...
mon avis : Avant d'être une biographie romancée de Cicéron, Imperium, est avant tout une revisitation du mythe de Sherlock Holmes. Robert Harris recycle ici le schéma du biographe (Dr.Watson) spectateur critique des hauts faits de déduction de son limier de maître (Holmes). A l'instar de Conan Doyle, Harris met en scène ici Tiron, esclave particulier et scribe biographe de son dominus, un certain Marcus Cicéron amené à devenir le légendaire avocat de la Rome antique. On vit donc le parcours prestigieux du sénateur au travers des yeux de son secrétaire dévoué, regard qui donne aussi parfois ses propres jugements sur les décisions et la vie privée de son sujet. Le roman utilise les grandes lignes de l'Histoire de Cicéron sous la République romaine, sans pour autant bouder d'éventuels passages romancés mais tout à fait plausibles, selon son auteur, pour combler les trous de la biographie officielle. Imperium est plus qu'un roman, puisqu'il s'agit en fait de deux romans en un seul volume. La première partie couvre la période de 79 à 70 avant JC, durant laquelle Cicéron évolue de son statut de Sénateur mineur à celui de Préteur reconnu. L'oeuvre se démarque des autres saga des sénateurs enquêteurs de la Rome antique (de D.C.Montanari ou de S.Saylor) par la vocation même de Cicéron, à savoir, la Justice. Et oui, Imperium illustre bel et bien la première enquête judiciaire de l'Histoire. Cicéron incarne alors véritablement le rôle de juge d'instruction dans l'affaire Verrès, sujet central et déterminant de cette première partie. La seconde partie, après une ellipse de deux années, nous emmène dans une spirale politique trépidente ayant pour conclusion l'ascencion au siège de Consul du héros. Dans ce tourbillon, apparaîssent les plus grands noms de Rome : Pompée, Crassus, Lucullus, César et Catilina, tour à tour détracteurs et soutiens du brillant avocat alors devenu juge du Tribunal des Extorsions. Plus que de simplement relater les heures de gloire de Cicéron, Imperium démontre, dans son second niveau de lecture, et de manière criante, le talon d'Achille de la République Romaine post-Sylla : son administration. Tentaculaire, étouffante, ubuesque, imposant au peuple de Rome d'être en perpétuelle campagne électorale entre deux festivités religieuses ou périodes de jeux du cirque... Bref, toutes les raisons profondes qui ont mené la démocratie à son inexorable chute. Pour conclure, l'autre bonne nouvelle, au-delà du fait que je ne saurait que trop user de superlatifs pour qualifier cette révélation littéraire, est qu'Imperium n'est que le 1er volet d'une trilogie. Vivement la suite!
note : 5/5 (Imperium est désormais en tête de ma bibliothèque idéale, devant Tolkien & consorts.)

pour aller plus loin ...
- télécharger le 1er chapitre sur Pocket.fr
- Voir le docu-fiction : Cicéron et "l'affaire Sextus, 81 avant JC"
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